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Respiration | L’Albanie, l’autre pays de la dolce vita

Destination confidentielle, acte VI. Quelque chose se passe en Albanie. Est-ce l’énergie créative d’une jeunesse pleine d’inspirations ? Ou cette puissante envie de devenir une étape incontournable dans la route du business et des loisirs ? Au Pays des Aigles, on s’émerveille de découverte en découverte. Défrichée hier par les globe-trotters de tous pays, la destination est la candidate idéale pour nos prochains city-breaks. Revue.

Au nord de la Grèce, face au talon de la botte italienne, à la confluence des civilisations romaine, byzantine et ottomane, cet Etat des Balkans cultive sa singularité entre vastes étendues virginales et sa capitale Tirana fourmillant de constructions design et d’adresses tendance. Une terre de contrastes qui partage le dénominateur commun de l’hospitalité.

Des paysages grandioses

Les trois quarts du territoire sont sculptés par des montagnes. Un paradis pour trekkeurs et un spectacle permanent pour les adeptes de slow tourisme. Jalonnée de lacs, dont de nombreuses sources thermales, tapissée de prairies, ceinte de villages traditionnels accrochés aux pentes, l’Albanie déroule son majestueux tableau  racontant des siècles de cohabitation paisible entre l’homme et la nature. Dans ces contrées verdoyantes, on se remplit les poumons et se repose les oreilles. Il y a aussi le plaisir de partager des moments authentiques avec des locaux plein de bienveillance le temps d’une halte gourmande dans un gîte ou lors d’une nuitée immersive. Les Albanais sont très généreux pour qui est leur hôte.

A la pointe sud du pays, le long de la côte, le parc national Llogara (le plus important d’Albanie) renferme une nature luxuriante et indomptée. Ce mur de montagnes qui s’élève à plus de 2000 mètres abrite une faune et une flore d’une grande richesse à l’image de l’aigle royal, emblème du pays. Incontournable, cette route panoramique permet de rejoindre la côte ionienne en contrebas.

On pratique également ce géotourisme historique dans la région méridionale de Berat, dite « la ville aux 1000 fenêtres ». Une désignation faisant référence à l’empilement de maisons traditionnelles ottomanes de la vieille ville, dont les façades sont percées d’un grand nombre de lucarnes. A cheval sur la rivière Osum et son superbe canyon, la cité médiévale est inscrite au patrimoine de l’UNESCO. Berat porte le témoignage de la coexistence pacifiste de différentes communautés religieuses et culturelles au fil des siècles. Son quartier musulman, très bien conservé, recèle des édifices remarquables sur la rive droite, tandis que le district chrétien anime la rive gauche. 

L’appel de la mer

Serpentée par des kilomètres de sable blanc et blond par alternance, recensant de nombreuses criques aux mille nuances de bleu, la riviera albanaise est le secret le mieux gardé des Russes, Ukrainiens, Italiens et Britanniques. La côte balnéaire commence à Vlorë (située à moins de deux heures de Tirana) et s’étend jusqu’à Sarandë à la frontière grecque, soit 472 km de carte postale longeant l’Adriatique et la mer ionienne. Un parfum de dolce vita embaume les touristes, toujours plus nombreux, et les Albanais qui célèbrent la vie à coups de sorties nautiques, de flâneries iodées, de grillades délicieuses, de dégustations du terroir et de soirées festives.

Il y a beaucoup de spots à explorer à l’instar de Gjiri i Akuariumit, Drymades Beach, Palasa Beach, Gjipe Beach ou Ksamil, soit autant de raisons de revenir. A Vlorë, on peut même faire villégiature dans un hôtel niché à même une falaise ! A l’ère d’Instagram, l’adresse voit débarquer un contingent grandissant de curieux. Cette montée en puissance du pays sur la carte des voyageurs s’explique aussi par la bonne gestion de la crise sanitaire. L’Albanie fait partie des nations les moins impactées par le Covid-19. La destination a accueilli près de 6,5 millions de visiteurs lors de la saison estivale passée, un record.

Le gouvernement, par l’action de son ministre de l’Ecologie et du Tourisme, Blendi Klosi, entend bien surfer sur cette vague : « Nous sommes en train d’accélérer la construction d’infrastructures hôtelières pour pouvoir soutenir cette croissance, dont de nombreux cinq étoiles d’enseignes internationales. Certes, la situation est au ralenti en ce moment mais, dorénavant, l’Albanie est une destination dans le radar de beaucoup de globe-trotters qui découvrent les trésors de ce pays d’Europe, si proche culturellement et si unique à la fois. Grâce à nos régions côtières balnéaires préservées, nous avons le cadre idéal pour développer le tourisme bleu. », détaille l’édile à l’occasion d’un entretien.

Cap sur Tirana, la vibrante capitale

Capitale politique et économique de l’Albanie depuis 1920, Tirana est une ville symbole autant que ville musée. Chaque recoin de rue témoigne des vicissitudes de l’Histoire. Un roman national ô combien mouvementé ! Cette fenêtre sur l’Europe, également porte vers l’Asie, a attiré les plus grands empires : romains, byzantins, ottomans… Le pays de Sainte Mère Teresa a par ailleurs vécu l’une des plus sanglantes dictatures communistes du XXème siècle sous le joug tyrannique de Enver Hoxha. Des épreuves qui ont puissamment contribué à forger l’âme résiliente, patriotique et solidaire du peuple albanais. Tel un Phoenix qui sans cesse renaît de ses cendres, et regardant l’avenir avec toujours beaucoup d’optimisme, la perle des Balkans est aujourd’hui en bonne voie pour intégrer l’Union Européenne.

Une balade à Tirana, c’est faire le va-et-vient entre tradition et modernité, entre kitsch et sophistication. Parmi les ‘must-see’ : la place Skanderberg, la mosquée Ethem Bey et ses somptueuses fresques, l’une des plus belles d’Albanie, et le Musée national d’Histoire à la façade recouverte de mosaïques à la gloire des héros albanais, le quartier coloré de Blloku, ou encore l’atelier du grand artiste albanais, Agim Rada. Un peintre, sculpteur, graveur à l’œuvre prolifique qui a porté plus d’un coup de griffe artistique au despotisme d’Enver Hoxha. Ses créations se visitent dans sa demeure du centre-ville. Un lieu mémoriel à ne pas manquer pour qui veut saisir toute la complexité et poésie du Pays des Aigles.

Tirana, c’est surtout son jeune maire, Erion Veliaj, qui en parle le mieux ! Verbatim de notre rencontre vitaminée avec l’édile de la ville élu en 2015 :

« Nous sommes probablement la plus jeune capitale d’Europe, ce qui se ressent à travers la démographie dynamique de la ville, l’essor économique et culturel. Mes pairs en Europe n’ont de cesse de me raconter qu’ils déplorent le départ de nombreux habitants alors que nous connaissons pour notre part une forte attractivité. Tirana est pleine de grues, de constructions résidentielles et commerciales pour accompagner cette croissance. La métropole dispose d’ailleurs du plus grand parc de taxis des Balkans. Nous faisons tout pour garder un marché immobilier accessible à ces jeunes étudiants devenus actifs qui décident de rester.

 

Grandir, oui, mais pas de manière effrénée au détriment du développement durable ! Ainsi, nous menons une politique écologique intelligente en encourageant la mobilité verte, la smart city. Ceci avec le double objectif de créer un éco-system tech à l’image de Station F à Paris où j’ai envoyé une délégation en vue de nous inspirer de cette belle réussite françaiseNous avons passé suffisamment de temps à vendre des t-shirts ! A présent, nous nous donnons les conditions pour fabriquer à la source des produits à forte valeur ajoutée et imaginer des concepts innovantsComme tous les Méditerranéens, nous, Albanais, aimons la vie ! Notre devise, c’est ‘Work hard play hard’ : travaillez dur et amusez-vous tout autant !

Je me réjouis aussi de dire qu’à Tirana, et plus largement en Albanie, lorsque la communauté chrétienne voit ses églises détruites pendant un tremblement de terre, ce sont les musulmans qui viendront en premier leurs prêter mains fortes. Et vice versa. Nous avons une grande tolérance les uns envers les autres. En 2022, nous serons la capitale européenne de la Jeunesse : c’est un rendez-vous que nous vous donnons ! », ponctue par une invitation, le maire de la ville.

En attendant 2022, la ‘ruée’ vers Tirana a déjà bien lieu à la faveur d’un autre phénomène : le tourisme médical. A deux heures des plus grandes capitales du continent, l’Albanie a développé une filière très compétitive dans ce domaine. L’instigateur de ‘Voyager et sourire’, l’homme d’affaires Dritan Gremi, capte un marché grandissant d’Européens en quête de soins dentaires et esthétiques à prix doux. « Grâce au faible coût de la vie dans notre pays, nous pouvons proposer des économies d’échelle jusqu’à 60% sur les frais dentaires. Tout cela en alignant les mêmes standards de qualité. », partage l’entrepreneur parti de rien et aujourd’hui millionnaire.

Son concept de clinique ne ressemble à aucun autre endroit sur ce segment de marché. Ici, le voyageur venu de France, de Suisse ou d’Italie se retrouve plongé dans la vie du quartier. Objectif : vivre une expérience inclusive qui va au-delà des soins dentaires et esthétiques.  L’Italo-Albanais également philanthrope a complètement réhabilité une rue autour de ses cliniques pour y construire trois hôtels, des laboratoires médicaux, un restaurant, une pizzeria, un salon de thé… Des lieux qui font travailler des centaines de salariés de Tirana. Dans le même espace, Occidentaux et Albanais se côtoient amicalement, donnant sa pleine signification au terme de ‘Tourisme médical’.

Au gré des vagues de patients, par moment se reconstitue un ‘Little Italia’ ou ‘Little Paris’ dans cette rue avant-gardiste de la capitale albanaise. Au pays de Rita Ora et de Dua Lipa, stars de la pop planétaire, on découvre un vent de glamour.

Bientôt, il sera aussi possible de s’essayer au nomadisme avec un cadre réglementaire attractif pour les digital nomads. Le Premier ministre, Edi Rama, a l’ambition de bâtir une « Free zone » à la manière de ce qui existe à Dubaï avec un statut libre d’impôts (Tax Free). Des initiatives tous azimuts – dessinant l’après-Covid – qui font entrer la destination dans une nouvelle ère. L’ère 2.0.

Source: FORBES

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