Communication - Presse
L’Albanie s’ouvre aux entreprises françaises
Le premier ministre Edi Rama, de passage à Paris, a évoqué des projets dans l’énergie ou dans l’École 42.
Avec ses deux projets de fermes photovoltaïques de Spitalla et Karavasta d'une capacité totale de 240 mégawatts et d'un montant estimé d'environ 120 millions d'euros, la société française Voltalia est devenue «le premier investisseur étranger en Albanie», assure son PDG, Sébastien Clerc. Ces futures centrales, qui représentent la consommation d'environ 375.000 personnes, soit 13 % de la population albanaise, sont les infrastructures solaires les plus importantes de toute la région des Balkans.
Déterminé à faire entrer son pays dans le processus d'adhésion à l'Union européenne, qu'Emmanuel Macron a freiné, le premier ministre albanais Edi Rama, de passage à Paris vendredi dernier, a fait part au Figaro de son obsession d'ouvrir davantage les portes à la France et à l'Allemagne».
L'Italie est le premier pays investisseur. Le chef du gouvernement albanais, artiste francophone - dont les pastels et les feutres figurent en bonne place sur son bureau à Tirana - a été reconduit pour un troisième mandat en avril. Dans cette Europe balkanique où Pékin investit dans les infrastructures, l'Albanie fait figure d'exception: Edi Rama ne cache pas son hostilité «à l'argent chinois».
«Nous voulons utiliser la crise comme une opportunité de relance économique» (le PIB s'est contracté de 3,5 % en 2020), explique le premier ministre. Dans le domaine énergétique, «nous avons tout pour être 100 % renouvelables», souligne Edi Rama qui voit son pays, richement doté en ressources hydrauliques et d'un fort potentiel solaire, exportateur net d'électricité d'ici à 2030. Ce qui ne l'empêche pas de penser aux hydrocarbures: l'Albanie est traversée par le gazoduc TAP qui achemine du gaz de la Caspienne vers l'Italie.
Sarkozy sous le charme
Edi Rama soutient un projet de dérivation, l'IAP (gazoduc ionien-adriatique) qui desservirait le Monténégro et la Croatie. Il est favorable à ce que des entreprises françaises rejoignent le consortium, encore à naître.
Durant son bref séjour parisien, le premier ministre albanais a rencontré plusieurs dirigeants français à Paris, dont ceux de Veolia pour discuter de la distribution d'eau à Tirana. La modernisation des infrastructures est cruciale pour l'ex-pays communiste qui fonde une partie de son développement sur le tourisme. Edi Rama évoque les projets de quatre aéroports, quatre ports de plaisance et le déplacement de deux ports commerciaux.
Il raconte que son pays n'était pas dans les radars du groupe Accor jusqu'à ce que l'un de ses administrateurs, un certain Nicolas Sarkozy, accompagnant son épouse Carla pour un concert, en juin 2019, tombe sous le charme. Depuis, assure Edi Rama, le groupe hôtelier a signé ou prévoit de signer une douzaine de contrats.
Le volontarisme du chef du gouvernement ne l'empêche pas d'être lucide sur l'une des plaies de son pays vieillissant: l'émigration continue de sa jeunesse. C'est pourquoi les projets éducatifs retiennent toute son attention. L'École 42 fondée par Xavier Niel, qui forme aux métiers de l'informatique, devrait ainsi ouvrir son campus de Tirana, dans un bâtiment neuf financé par l'État albanais, à l'automne 2022.
Edi Rama est bien conscient que son pays de 3 millions d'habitants, parmi les plus pauvres d'Europe, constitue un marché très modeste. C'est pourquoi il veut capitaliser sur le réchauffement des relations avec ses voisins, dans ces Balkans déchirés par l'Histoire, en particulier avec la Serbie. En attendant la perspective d'une adhésion à l'UE, une meilleure intégration économique des Balkans occidentaux améliorerait l'attractivité régionale pour les investisseurs étrangers.
SOURCE: LE FIGARO
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/l-albanie-s-ouvre-aux-entreprises-francaises-20210620